Se passer du glyphosate, c’est possible ?

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Mardi 4 février 2025 s’est tenu le séminaire de (presque) fin du projet ALIAGE. Débuté en 2022, il était temps de restituer aux agriculteurs et agricultrices les premières conclusions de ce projet, qui visait à s’appuyer sur les innovations couplées d'agriculteurs pour soutenir l'émergence de systèmes agricoles sans glyphosate.

Accueilli par la Cuma Centre Meuse, la journée a regroupé plus d’une dizaine d’agriculteurs et agricultrices des Cuma Agrilor Méca, Centre Meuse et Vallée de la Saulx ainsi que d’autres exploitations de la région. Des animateurs et animatrices de zones de captages et MFR ont également participé à cette journée.

Marie Thiollet-Scholtus et Bruno Chauvel (INRAE) ont présenté différents systèmes en grandes cultures pratiqués sur le terrain par les agriculteurs confrontés à des situations d’impasses, en illustrant 3 cas de figures : 

 Nino Charrier, en stage à PURPAN, a détaillé les premiers résultats de l’expérimentation agronomique du système “Aliage”, un système sans glyphosate, basé sur une diversification des cultures, un travail du sol réduit et un objectif de baisse de 50% de l’IFT par rapport à un système de référence en maïs grain.

Sébastien Oudinot et Maxence Lombard, membres de la Cuma Agrilor Méca, ont fait un retour d’expérience sur la démarche de réduction des herbicides au cours de l’évolution de la Cuma. 

Au départ, on s’est regroupés en 2016 au sein de la SEP du vieux moulin, en travail du sol superficiel. On n’avait pas forcément l’objectif de réduire les intrants. Nitrates, fongicides, insecticide… on peut dire qu’on a mis le paquet. Mais on s’est vite remis en question quand on a eu plusieurs années très humides à la suite, avec peu de rendement et pas de qualité. On a remis en question les objectifs de rendement, dans notre zone de potentiel restreint, où les aléas climatiques se ressentent fortement.

On a suivi des formations partout en france, on a fait des visites de ferme dans le sud, une formation en bretagne, pour mettre des essais en place, avec au départ beaucoup d’échecs et quelques réussites. On a appris des techniques, comme le semis direct, et constaté que chez nous, passer sur les sols en semis direct au printemps ça ne fonctionne pas. Maintenant, on ne s’interdit plus un travail du sol et une reprise au printemps. On évolue dans la technique. 

La réussite du système passe par la réussite des couverts : on a fait le choix d’investir dans un semoir 3 trémies. Nous voila en route pour l’agriculture de conservation, avec un retour à l’agronomie. On a converti deux structures en bio avec aujourd’hui 140 ha en bio. 

On est passé en semis direct sur 70% de la sole, le reste est en travail superficiel, pour réchauffer le sol. On a fait un travail sur la rotation, en se donnant un objectif de 50% de culture d’hiver et 50% de cultures de printemps. La date de semis a été retardée, on ne traite plus les semences avec de la chimie mais avec des produits bio, on localise l’engrais, et on utilise un mélange de blé de cinq variétés qui permet la maîtrise des fongicides. On ne met plus d’insecticide. Les couverts sont semés aussitot la récolte effectuée, avec une grande proportion de légumineuse (féverole, vesce, trèfle blanc nain). On a diminué les apports d’azote, on a arrêté la fumure de fond et on apporte du compost tous les trois ans sur les parcelles. Il y a eu un retour des luzernes dans la rotation en bio et en conventionnel, ce qui est efficace pour diminuer le glyphosate. 

Les interrogations sur le devenir du glyphosate nous ont fait réagir. Actuellement notre système se base sur un passage de glyphosate avant semis. On se demande comment faire sans, sans augmenter le bilan carbone, et en y passant le moins de temps possible. Notre réflexion des dernières années est de savoir comment continuer l’agriculture de conservation sans glyphosate et sans labour ?

A l’heure actuelle, il paraît difficile de gérer ces situations sans glyphosate. Mais on souhaite continuer les expérimentations pour le diminuer au maximum. Pourra-t-on un jour s’en passer complètement ? 

En fin de matinée, les agriculteurs et agricultrices ont été interrogé·es par Julie André (ITAB) sur les meilleures voies de valorisation possibles de ces résultats. Des échanges riches et constructifs qui permettront aux partenaires du projet Aliage d’affiner les supports d’information diffusés largement.

Plus d’informations sur le projet

Coquelicot

ALIAGE

2022-2025

Détecter des pratiques innovantes et accompagner les agriculteurs dans la recherche de solutions visant à se passer de l’utilisation du glyphosate.