Quel lien entre Cuma et phyto ?
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"Plus il y a de membres de Cuma sur un territoire, moins il y a de consommation de pesticides." Ces observations prometteuses sont étudiées dans le projet 2IDCUMA, qui a pour objet d'identifier la contribution des organisations collectives à la transition agroécologique.
Simon Cornée, maître de conférence à l’Université de Rennes et partenaire du projet 2IDCUMA est intervenu dans le podcast « Bâtissons des futurs solidaires » de l’Institut Montparnasse, à propos des Cuma.
Dans ce podcast, il aborde le lien fait entre la densité de Cuma sur un territoire et la réduction des pesticides sur ce territoire, étudié dans le cadre du projet 2IDCUMA. D’après le chercheur, les pratiques d’actions collectives deviennent un moyen de réduire l’utilisation des pesticides. Deux mécanismes sont explicités :
- Etre dans une coopérative permet d’avoir une délibération sur le choix des investissements, qui peuvent être orientés vers des investissements de type environnementaux.
- L’utilisation commune et le partage du matériel peut modifier les pratiques pour aller vers des pratiques plus agroécologiques.
Ecoutez le podcast en entier :
Le consorsium scientifique du projet 2IDCUMA a également abouti à la soumission d’un article scientifique dans la revue Ecological Economics. L’article n’a pas encore été validé et publié. Si cet article est accepté par la revue, ces résultats permettront de mettre en lumière le rôle des Cuma et du réseau fédératif dans la transition agroécologique.
Voici le résumé :
Cet article analyse les avantages environnementaux de la coopération au niveau local. Pour ce faire, il se concentre sur le contexte agricole français, qui se caractérise à la fois par d’énormes défis environnementaux en raison de sa forte dépendance aux pesticides et par une forte coopération entre agriculteurs, en particulier via leur participation à des coopératives d’utilisation de matériel agricole (CUMA).
Nous faisons l’hypothèse que ces coopératives, dont la gouvernance peut être conceptualisée comme un bien commun créé par l’homme, contribuent à réduire l’utilisation des pesticides en apportant des changements qualitatifs à la fois dans le stock de ressources (c’est-à-dire l’investissement collectif dans des machines agroécologiques) et dans la manière dont les agriculteurs s’approprient le flux de ressources (c’est-à-dire que les agriculteurs réorientent les machines existantes vers des activités vertueuses sur le plan écologique). Notre analyse économétrique exploite un ensemble de données fournies par la Fédération nationale des CUMA sur 5 793 coopératives individuelles.
Nos résultats montrent que la présence de CUMA dans les zones locales est associée à une réduction significative de la consommation de pesticides. De plus, cet « effet CUMA » est probablement lié à un changement dans les moyens de production (i.e. les machines partagées) mais aussi – et peut-être plus sûrement – à la façon dont les membres changent leur utilisation de ces moyens de production (à travers des échanges sociotechniques entre pairs). Ces résultats soutiennent l’idée d’une potentielle « transition agroécologique cachée ».
Cornée Simon, Rousseliere Damien and Thelen Véronique, The Environmental Benefits of Grassroots Cooperatives in Agriculture.
2IDCUMA : Identifier l’Impact Différencié des CUMA dans la réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires est un lauréat de l’Appel à projets Ecophyto – Parties Prenantes 2020. La FNCUMA est partenaire avec l’Université de Rennes de ce projet piloté par AgroCampusOuest.