Mélanges d’espèces, comment les agriculteurs adaptent leurs agroéquipements ?
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Dans le cadre du projet IntercropVALUES, l'INRAE a étudié les stratégies de gestion des agroéquipements des agriculteurs et agricultrices pour cultiver et trier des mélanges d'espèces. Voici les premiers résultats de ce travail d’enquête.
Les mélanges d’espèces constituent un levier clé de la transition agroécologique, en atténuant les impacts environnementaux tout en soutenant les rendements. Cependant, les agriculteurs sont confrontés à des défis techniques et économiques, notamment en ce qui concerne les agroéquipements aussi bien pour la culture que pour le tri des mélanges d’espèces. Pour surmonter ces blocages, certains agriculteurs réutilisent, adaptent, conçoivent ou combinent des agroéquipements pour leurs pratiques et situations spécifiques.
L’étude, portée par nos collègues chercheurs de l’INRAE s’appuie sur l’approche de traque aux innovations au cours de laquelle 14 agriculteurs cultivant des mélanges d’espèces et adaptant leurs agroéquipements ont été interrogés. En s’appuyant sur les concepts de l’agronomie systémique, les chercheurs ont analysé les données collectées sur chaque exploitation pour éclairer :
- La manière dont les agriculteurs gèrent les mélanges d’espèces du point de vue des agroéquipements ;
- Les caractéristiques techniques de leurs agroéquipements pour mettre en œuvre les mélanges d’espèces, y compris les adaptations, les réutilisations et les bricolages ;
- Leur logique de gestion des agroéquipements pour mettre en œuvre les mélanges d’espèces.
Prendre en compte les agroéquipements pour caractériser les types de mélanges d’espèces
La littérature scientifique caractérise généralement les mélanges d’espèces par leur date de semis, la durée de coexistence des espèces dans les parcelles et le résultat attendu, sans tenir compte des agroéquipements utilisés. Au-delà de l’approche mobilisée, cette étude est innovante du fait qu’elle tient compte explicitement du rôle des agroéquipements utilisés.
Deux aspects permettent de caractériser les mélanges d’espèces en lien avec les agroéquipements à savoir l’agencement spatial des espèces (en rang, en mélange sur le rang, etc.) et la profondeur de semis (identique ou non).
Les chercheurs ont abouti à la caractérisation de six types de mélanges d’espèces. Par exemple, le premier type correspond à des espèces semées sur un même rang, à la même profondeur alors que le deuxième type correspond à des espèces semées en rangs alternés à des profondeurs différentes.
Les chercheurs ont également identifié une diversité d’agroéquipements réutilisés, adaptés et bricolés pour le semis, la récolte et le tri avec une majorité d’innovations identifiées concernant le semis. Par exemple, un agriculteur divise la trémie et utilise un semoir à deux têtes de distribution pour semer un mélange de blé et de féverole à deux profondeurs différentes.
Sur la base d’une analyse croisée, les chercheurs ont identifié différentes logiques de gestion des agroéquipements pour cultiver et trier les mélanges d’espèces :
- Minimiser les coûts de mécanisation en réutilisant les agroéquipements existants ;
- Semer des mélanges d’espèces en fonction des caractéristiques et de la physiologie des espèces et en adaptant les agroéquipements ;
- Choisir les mélanges d’espèces et les agroéquipements en fonction des ressources disponibles sur le territoire (ex. services agricoles, plateformes de tri, coopératives, etc.).
Ces premiers résultats seront poursuivis dans le projet IntercropVALUES, notamment avec une réflexion sur les trajectoires qui ont amené ces innovations couplées entre mélanges d’espèces et agroéquipements au sein des systèmes de culture ainsi que les leviers d’actions.
Plus d’informations sur le projet
INTERCROPVALUES
2022-2026
Exploiter les avantages des cultures associées pour concevoir et gérer des systèmes de culture diversifiés, résilients, rentables et respectueux de l’environnement.