Les CUMA, soutiens d’une agriculture durable en Nouvelle-Aquitaine
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Conçu par des pros, pour des pros, Le Mois de la Bio se veut être un carrefour d’échanges, d’innovation et de résilience.
Avec 60 événements dans toute la Nouvelle-Aquitaine, il s’adresse aux agriculteurs bio ou non, aux professionnels et aux étudiants en agriculture et transition agroécologique/environnementale, pour mettre en lumière les techniques et innovations qui façonneront l’agriculture de demain.
Le Mois de la Bio est le fruit de la collaboration entre Bio Nouvelle-Aquitaine, Interbio Nouvelle-Aquitaine, les Chambres d’Agriculture de Nouvelle-Aquitaine et leurs partenaires, dans le cadre du Pacte Bio 2023-2027 soutenu par l’État et la Région Nouvelle-Aquitaine.
Dans le cadre du mois de la bio en Nouvelle-Aquitaine un webinaire a mis en lumière comment les Coopératives d’Utilisation de Matériel Agricole (CUMA) accompagnent la transition vers des pratiques agricoles plus durables. Trois agriculteurs témoignent de leur expérience le 13 novembre dernier.
Un réseau régional structurant
En Nouvelle-Aquitaine, le réseau des CUMA représente une force considérable avec :
· 1600 coopératives réparties sur le territoire
· 42 000 adhérents (environ 6 agriculteurs sur 10)
· 70 millions d’euros d’investissements annuels
· 95 millions d’euros de chiffre d’affaires
· 650 emplois directs
Des parcours diversifiés unis par le collectif
La viticulture bio en Libournais
Stefaan Massart, vigneron au nord-est du Libournais, incarne la réussite d’une transition réussie vers le bio. « Nous sommes sans herbicide depuis 25 ans et en bio depuis 15 ans », explique-t-il. Sa CUMA, créée en 1984, compte aujourd’hui 18 adhérents dont 70% des surfaces sont en bio. « Le fait qu’il y ait un groupe en mouvement qui a des pratiques vertueuses permet aux autres adhérents d’emboîter le pas », souligne-t-il.
La polyculture bio en vallée de Garonne
Laurent Brunel gère avec son épouse une exploitation diversifiée de 25 hectares à Barie : 2,5 hectares de légumes, 2 hectares de kiwis et le reste en céréales. Membre d’une CUMA cinquantenaire regroupant 50 agriculteurs, il témoigne : « Sans la CUMA, nous n’aurions pas pu faire des céréales avec aussi peu de surfaces. Le matériel aurait été trop cher. »
La transition en polyculture-élevage
Laurent Duclavé, installé depuis 2019 près de Mont-de-Marsan, préside la CUMA Adour Armagnac. Sa conversion en bio illustre comment la CUMA facilite l’accès aux équipements spécifiques nécessaires à la transition écologique.
Au-delà du simple partage de matériel
Un espace d’échange et d’innovation
« La CUMA permet d’abord d’avoir un groupe de travail et de réflexion », explique Stefaan Massart. Les réunions régulières deviennent des espaces d’échange sur les pratiques agricoles durables. Laurent Brunel ajoute : « Une saison agricole, c’est un essai par an. Si on se contente de ses propres erreurs pour apprendre, on a vite fait de se prendre beaucoup de murs. »
Un modèle qui facilite l’installation
Pour les nouveaux installés, notamment hors cadre familial, la CUMA représente un atout majeur. « L’accueil a été très bon », témoigne Laurent Brunel. « C’est positif pour les nouveaux qui ont beaucoup à apprendre, mais aussi pour les anciens qui s’enrichissent d’une vision différente. »
L’entraide au cœur du système
Le fonctionnement des CUMA repose sur une forte dimension humaine. « Le fait d’être en CUMA tisse des liens et participe à animer le tissu socio-économique sur les territoires », souligne Stefaan Massart. Cette entraide se manifeste particulièrement lors des périodes critiques.
Des perspectives prometteuses
Le développement de l’emploi partagé
Les CUMA évoluent vers plus de professionnalisation. « L’idée d’un emploi partagé pour conduire les machines et assurer l’entretien du matériel fait son chemin au sein de sa CUMA », indique Stefaan Massart. Cette mutualisation permettrait une meilleure disponibilité des agriculteurs et un meilleur suivi du parc matériel.
L’adaptation aux nouvelles pratiques
Les CUMA investissent dans des équipements spécifiques liés aux pratiques agroécologiques : rouleau destructeur, épandeur à compost, outils de travail du sol adaptés. Ces investissements collectifs facilitent la transition vers des pratiques plus durables.
La digitalisation de la communication
L’utilisation d’outils numériques comme WhatsApp facilite la gestion quotidienne du matériel. « Avec le groupe WhatsApp, avec les échanges, un coup de fil, on résout 95% des problèmes », témoigne Stefaan Massart.
Les CUMA apparaissent comme un levier majeur de la transition agroécologique. En permettant la mutualisation des moyens et des compétences, elles facilitent l’accès à du matériel performant tout en créant une dynamique collective favorable au changement des pratiques. Le modèle coopératif démontre ainsi sa pertinence pour accompagner l’évolution vers une agriculture plus durable, tout en préservant la viabilité économique des exploitations et en renforçant le tissu social rural.