THÈSES

Les Cuma, objet de recherche scientifique

Les Cuma ne sont apparues que très récemment dans la littérature scientifique. Les sujets d’études ne manquent pourtant pas et les projets de recherches existants ou en cours sont riches d’enseignements.

Etude thèses Cuma

La Fédération nationale des Cuma et les fédérations de Cuma en région ont accueilli de nombreux stagiaires qui ont pu réaliser leur mémoire de fin d’études sur des thématiques diverses : l’organisation collective, l’agroéquipement en Cuma, la gouvernance des coopératives, les changement de pratiques, la transition agroécologique…

Les thèses de recherche sur les Cuma

L’agriculture en commun : Gagner en autonomie grâce à la coopération de proximité : Expériences d’agriculteurs français en Cuma à l’ère de l’agroécologie

Thèse en sociologie de Véronique Lucas (CIFRE) soutenue en 2018 : “L’agriculture en commun : Gagner en autonomie grâce à la coopération de proximité : Expériences d’agriculteurs français en Cuma à l’ère de l’agroécologie”.

Résumé

En France depuis 2013, des initiatives collectives d’agriculteurs sont soutenues par des politiques publiques visant à développer l’agroécologie, dont la définition inclut l’enjeu d’autonomisation des exploitations. Alors que l’agriculture est traversée par des processus d’individualisation et de déterritorialisation, le législateur a fait le pari que l’organisation collective des agriculteurs au niveau local pouvait favoriser leur autonomisation et leur engagement dans la transition agroécologique. La thèse éclaire ce paradoxe par l’analyse d’expériences d’agriculteurs organisés en Coopératives d’utilisation de matériel agricole (CUMA). Ceux-ci développent des pratiques que l’on peut qualifier d’agroécologiques afin de gagner en autonomie, en particulier vis-à-vis des marchés marqués par plus de volatilité des cours. Pour cela, ils reconfigurent leurs modes de coopération de proximité, dont l’organisation de leur CUMA. Les résultats montrent qu’ils arrivent à mettre à distance des ressources et opérateurs marchands externes, grâce à une interdépendance accrue entre pairs, qu’ils acceptent parce qu’elle leur fournit des appuis pour mieux maîtriser leur contexte d’activité. Mais ils manquent de ressources adéquates de la part des autres opérateurs du secteur agricole et alimentaire pour limiter des dépendances restantes. De même, tous les agriculteurs ne bénéficient pas également de ces coopérations approfondies, qui nécessitent des conditions appropriées. Cette thèse précise ces conditions nécessaires pour que la recherche d’autonomie et la coopération de proximité favorisent des processus de transition agroécologique de la part d’une plus large diversité d’agriculteurs.

Agroecologie feverole
Bureau de Cuma

Gouvernance et performance des coopératives d’investissement collectif en agriculture

Thèse en économie et gestion de Madeg Le Guernic soutenue en 2021 : « Gouvernance et performance des coopératives d’investissement collectif en agriculture »​.

Résumé

Les théories classiques de la gouvernance prédisent l’échec des coopératives. Singulières par leur structure de propriété qui repose sur l’exercice collectif et démocratique des droits de propriété et de contrôle, les coopératives sont susceptibles de faire face à de multiples problèmes de gouvernance conduisant à un désavantage institutionnel. Paradoxalement, elles constituent une réalité statistique majeure dans le monde, dont la longévité et la résilience aux crises sont remarquables, en particulier dans le secteur agricole. Ce constat conduit à s’interroger sur l’existence de faiblesses dans la conceptualisation de la gouvernance et de la performance de la coopérative. A travers une méta-analyse, une revue de littérature systématique et une analyse de frontière de production, nos résultats suggèrent que certaines dimensions de la coopérative méritent d’être explorées plus profondément. L’articulation de la coopérative avec son environnement macro-institutionnel, y compris fédératif, façonne ses impacts sur ses membres. Appréhender l’équilibre délicat conduisant à des arrangements institutionnels durables dans l’organisation demande de reconsidérer la dimension démocratique de la coopérative en mobilisant des cadres théoriques alternatifs comme la gestion des Communs. Cet effort est nécessaire pour mieux comprendre la capacité des membres à s’organiser collectivement pour tirer parti de certaines contraintes institutionnelles et de groupe comme l’hétérogénéité du sociétariat.

Arrangements coopératifs, investissement environnemental et performance des coopératives agricoles

Thèse en économie de Daniel Diakité soutenue en 2023 : « Arrangements coopératifs, investissement environnemental et performance des coopératives agricoles »​.

Résumé :
L’évolution des formes coopératives et les questions environnementales relance le débat sur la gouvernance des coopératives, leur implication environnementale ainsi que les effets de cette implication environnementale sur leur performance. Cette thèse s’intéresse d’une part à la gouvernance des Coopératives d’Utilisation de Matériel Agricole (CUMA), d’autre part à l’effet de la gouvernance sur les investissements environnementaux et l’implication de ces investissements sur la performance des CUMA. A travers une approche qualitative, un modèle économétrique en deux parties avec sélection et une analyse de frontière en dynamique, nos résultats font ressortir la capacité des adhérents en CUMA à se coordonner efficacement en ayant recours principalement aux mécanismes de gouvernance relationnels. La volonté des CUMA de maintenir ce type de mécanisme influence la taille du groupe qui devient critique au-delà d’un seuil en limitant leur propension et leur proportion à s’impliquer dans les questions environnementales. Cependant, l’implication environnementale des CUMA est nécessaire et avantageuse lorsque les investissements environnementaux concernent les équipements agricoles de premier choix.

groupe cuma
andaineur et combin presse enrubanneuse dans une parcelle

Organisation des territoires des exploitations agricoles. Impact du recours à des collectifs d’action : la conduite de chantiers de récolte en Cuma

Thèse en sciences agronomiques de Mathieu Capitaine soutenue en 2005 : « Organisation des territoires des exploitations agricoles. Impact du recours à des collectifs d’action : la conduite de chantiers de récolte en Cuma »​.

Résumé
L’exploitation agricole est étudiée comme une entité en interaction avec son contexte. Elle est notamment incluse dans des organisations de niveau d’ordre supérieur qui pour assurer leur fonctionnement propre sont le lieu de coordinations. En retour, ces dernières influent sur les distributions territoriales des activités dans les exploitations. Pour déterminer les marges de manœuvres des agriculteurs que ces situations créent ou suppriment, nous avons choisi de mobiliser une forme d’agriculture de groupe : les CUMA (Coopérative d’Utilisation du Matériel Agricole). Notre travail est centré sur l’étude de six CUMA en situation de polyculture-élevage dans le département des Vosges. Il s’appuie sur un dispositif de recueil de données articulé entre enquêtes et suivi de chantiers de récolte. Le chantier de récolte (ensilage d’herbe et de maïs, moisson) est envisagé comme une arène de décision collective, ancrée dans le temps (la gestion de la main d’œuvre et du travail) et dans l’espace (les territoires des exploitations). Les impacts d’une CUMA sur les localisations des couverts végétaux dans les territoires des exploitations sont différents selon que l’on s’intéresse à l’ensilage d’herbe, l’ensilage de maïs ou la moisson. L’intervention d’une CUMA dans les exploitations n’est pas à l’origine d’une modification profonde des organisations spatiales des territoires des exploitations telles que décrites par les modèles conceptuels antérieurs. Seul l’ensilage de maïs s’en distingue en échappant à la contrainte de la distance entre parcelles et bâtiments. Les CUMA permettent de minimiser le poids des contraintes spatiales en apportant souplesse de fonctionnement et compétence territoriale. Au-delà des situations de chantiers de récolte en CUMA, ce travail peut trouver des applications dans le domaine des coordinations spatiales nécessaires à la mise en place de cultures sous contrat ou la maîtrise de préoccupations environnementales.

Les compétences professionnelles dans l’innovation – Le cas des Coopératives d’utilisation de matériel agricole

Thèse en sciences économiques de Philippe Assens soutenue en 2002 : « Les compétences professionnelles dans l’innovation – Le cas des Coopératives d’utilisation de matériel agricole (Cuma) »​.

Résumé

À travers le cas des Cuma, cette thèse s’ intéresse à la coopération professionnelle dans l’innovation au moyen d’une approche fondée sur l’économie des compétences. La notion de compétence, développée pour la firme par différents courants de l’économie industrielle et du management, dans le cadre d’une analyse économique du rôle de la profession (des groupes, coopératives et réseaux professionnels) conduit à développer une analyse théorique de la coopération au-delà du cas classique où les firmes coopérantes détiennent des compétences complémentaires.

Les Cuma et le réseau CCuma accompagnent les projets innovants des agriculteurs en réduisant les coûts « dans l’innovation » par leur fonction de médiation technique qui repose sur le développement de compétences complémentaires à celles des agriculteurs. Dans le nouveau contexte d’innovation agricole, caractérisé notamment par la valeur stratégique des compétences relationnelles, les Cuma favorisent aussi l’ émergence de projets en réduisant les coûts « pour l’innovation », par une fonction de médiation stratégique. Cette fonction est fondée sur la mutualisation des expériences et sur l’ évaluation collective de leur pertinence. Les Cuma peuvent alors être vues comme des plates-formes stratégiques où la compétence à innover est en partie collective et prise en charge par des groupes, des salariés et des professionnels.

Une enquête montre que les capacités sous-jacentes à l’ innovation sont distribuées entre le niveau réservé des agriculteurs individuels et l’ ensemble du réseau professionnel ; que la fonction de médiation propice à l’innovation n’est pas uniquement prise en charge par la Cuma locale mais que le réseau fédératif y contribue ; que la distribution de ces capacités pour innover diffère selon la nature de l’innovation. Les fondements pour une approche institutionnelle de la coopération professionnelle sont posés.