Etude des performances de cultures associées à base de lentilles en agriculture biologique

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Le projet européen IntercropVALUES vise à exploiter les avantages des cultures associées pour concevoir et gérer des systèmes de culture productifs, diversifiés, résilients, rentables, respectueux de l’environnement et acceptables par les agriculteurs et les acteurs de la chaîne agroalimentaire. L’un des 13 cas d’étude de ce projet regroupe sept agriculteurs, tous en agriculture biologique, dans la région angevine. Leur objectif commun à terme est d’intégrer les légumineuses et en particulier la lentille dans leurs systèmes de culture afin de les commercialiser localement en circuit courts ou auprès de la restauration collective.

La lentille, mais pour quoi faire ?

Les légumineuses comme la lentille présentent des avantages agronomiques : fixation du diazote atmosphérique, restitution de grandes quantités d’azote minéral à la culture suivante, séquestration du carbone et préservation de la biodiversité. L’introduction des légumineuses dans les systèmes de culture permet également de diversifier et d’allonger les rotations permettant ainsi de rompre les cycles des ravageurs. Néanmoins, comme la plupart des légumineuses, la lentille présente des rendements instables et relativement faibles ainsi qu’une forte sensibilité à différents facteurs biotiques (ravageurs, adventices…) et abiotiques (stress hydrique, verse…). 

Ce groupe est accompagné sur le terrain par l’Union des Cuma des Pays de la Loire (UCPL), le Groupement des Agriculteurs Biologistes et Biodynamistes du Maine-et-Loire (GABBAnjou), et un chercheur de l’INRAE, Laurent Bedoussac. Le groupe d’agriculteurs bénéficie ainsi d’un accompagnement complet sur les aspects de production agronomique, de triage et de commercialisation.

Les agriculteurs se sont lancés en 2023 puis en 2024 pour tester des cultures associées à base de lentille ou de lentillon sur un réseau expérimental de 11 parcelles (de 1,4 à 4 ha). Les itinéraires techniques ont été conçus individuellement en fonction des besoins (en termes de débouchés) et des services écosystémiques visés par les producteurs. Quatre combinaisons d’espèces ont été étudiées : lentille – lin ; lentille – cameline ; lentille – orge et lentillon – seigle. Des tests après récolte ont également été réalisés afin d’estimer les dégâts des bruches (petits coléoptères dont les larves vivent à l’intérieur et consomment les graines des légumineuses) sur les lots de lentilles.

Une étude au peigne fin 

Margot Petit, en stage à l’UCPL en 2024, a cherché à étudier dans quelles mesures la culture de la lentille en association permet de résoudre les problématiques liées à la culture de la lentille pure. Ses hypothèses de travail, comparant la culture de la lentille en pure ou en association, sont les suivantes : 

Le mémoire de Margot Petit détaille chacun de ces aspects par l’étude fine de plusieurs indicateurs comme le taux de germination, la couverture du sol, la hauteur des plants et la verse, le salissement des parcelles, la biomasse et le rendement des lentilles, le rendement total des espèces cultivées, et l’estimation des dégâts de bruche. 

Retrouver son mémoire ci-dessous :

Pour les plus pressés, quelles sont les conclusions ?

Les essais conduits en 2024 montrent la difficulté d’implantation des associations lentille-lin et lentille-cameline contrairement aux associations lentille-orge. Les associations, lorsqu’elles sont bien implantées, se sont montrées efficaces pour réduire la verse à l’échelle de la parcelle permettant ainsi de faciliter à priori la récolte de la lentille. Cette étude n’a pas pu démontrer d’effet significatif de l’association sur la gestion de l’enherbement, et ce quelque soit la plante compagne. Par ailleurs, aucune perte de rendement grain des lentilles par rapport à la culture de la lentille en pure n’a été observée dans l’ensemble des associations testées par rapport à la lentille en pure. Enfin, aucun effet de l’association sur la pression des bruches n’a pu être mis en évidence. Les récoltes de la lentille sur l’année 2024 ont été satisfaisantes, notamment pour une production biologique alors que celles des plantes compagnes sont plus mitigées.

L’aspect économique n’a pas été abordé dans cette étude. Pourtant il nous paraît important d’étudier la rentabilité des cultures associées et notamment le bénéfice financier que peut apporter la récolte de la plante compagne à l’échelle de la parcelle sachant que cela nécessite ensuite de trier ces mélanges ce qui peut s’avérer complexe et coûteux. 

Enfin, il serait intéressant de continuer ces suivis sur une échelle de temps plus longue, pour étudier l’effet des associations sur la stabilisation du rendement. Finalement, compte tenu des rendements satisfaisants de l’année pour les quatre producteurs, l’objectif principal des prochains mois est de développer une chaîne de tri et des débouchés au niveau local.

Et pour aller plus loin :