Comptabilité Socio-Environnementale, outil de dialogue du territoire

Aujourd’hui, le constat est réel, les agriculteurs sont au cœur de la production alimentaire, avec des impacts variés sur les ressources naturelles et humaines en fonction des types d’exploitation. Cependant, au-delà des modes de production qu’ils mettent en place, ils font face à une forte pression pour garantir des volumes suffisants, offrir plus de transparence, un respect de l’environnement… autant de demandes qui proviennent de l’opinion publique, les pouvoirs publics, les collectivités, les consommateurs et autres acteurs du territoire.

A quels objectifs la FNCuma a souhaité répondre ?

Dès 2021, sous l’impulsion de Michel Lemonnier, ancien élu national, la FNCuma a souhaité se saisir de cette problématique afin d’apporter des éléments sur : comment collectivement accompagner les agriculteurs et agricultrices dans la préservation de la nature et l’humain à l’échelle de la ferme ? et combien cela coûte concrètement ? 

C’est grâce à la Comptabilité Socio-Environnementale (CSE) que nous avons souhaité expérimenter et apporter des réponses avec 2 objectifs principaux à l’échelle du territoire d’Ille-et-Vilaine, à savoir : 

• Réaliser la comptabilité environnementale auprès de 10 exploitations volontaires en élevage laitier (appartenant aux réseaux Adage 35, Agrobio 35 et Cuma) afin d’identifier des actions de préservation de l’Humain et de la Nature
• Créer un dialogue entre les acteurs du territoire et les 10 agriculteurs pour les soutenir dans la mise en place d’actions de préservation, identifiées et chiffrées.

En effet, la CSE permet de prendre en compte la valeur réelle de l’exploitation sur le plan financier mais également environnemental et social.

Ensemble des capitaux pris en compte dans la réalisation de la CSE d’une ferme

Pour mener à bien cette expérimentation sur 2023-2024, la FNCuma s’est appuyée et associée à l’expérience de Fermes d’Avenir qui a su répondre, dès 2017, à ses questions de manière robuste au travers de la méthode C.A.R.E. de Comptabilité Socio-Environnementale (CSE) développée par la Chaire de Comptabilité Écologique d’AgroparisTech. Fort de cette expérience, Fermes d’Avenir a repris et adapté le couplage C.A.R.E et le diagnostic IDEA4 (développé par une équipe de chercheurs dont le Centre d’Ecodéveloppement de Villarceaux) pour le projet coordonné par la FNCuma.

Quels sont les grands enseignements de l’expérimentation ?

• En moyenne, 150 000€/exploitation/an sont à prévoir pour réaliser toutes les actions pour préserver la Nature (eau, sol, biodiversité, atmosphère) et l’Humain (agriculteurs et travailleurs sur la ferme). Aucune des 10 exploitations n’est en capacité de toutes les réaliser seule.
• La CSE permet de visualiser que la majorité des actions de préservation déjà mises en oeuvre par l’agriculteur sur sa ferme résulte de l’adaptation de son modèle économique (et non le financement par des subventions) : valorisation des produits par des labels, la transformation, la commercialisation en circuits courts ou encore une économie de charge de fonctionnement (autonomisation sur ses intrants).
• Davantage de moyens sont nécessaires dans la transition du modèle économique pour les fermes en système conventionnel en bâtiment, par rapport aux fermes en système herbager et bio. En effet, ces dernières ont déjà réalisé des actions de préservation dans le passé. En revanche, elles doivent prendre en compte les coûts annuels de maintien.
• Malgré leur volonté, les agriculteurs ont souligné que leurs principaux freins résultent du manque de financement, de temps et d’appui dans la réalisation des actions de préservation identifiées 

Comment les acteurs territoriaux (élus, ComCom, entreprises…) peuvent se saisir de la CSE pour faciliter la préservation de la Nature et de l’Homme sur leur territoire par les agriculteurs?

Se servir de la CSE :

• comme un outil de dialogue et de travail sur un territoire afin de mieux penser aux financements d’action de préservation (prix de garantis, subventions, PSE…) ou co-créer des filières locales résilients (création de débouchées, facilitation d’approvisionnements, etc.)
• pour enrichir des données d’états de la Nature et de l’Humain ou encore de coûts d’actions de préservation qui sont propres au territoire pour mieux évaluer et piloter son impact.

Sur la base de ces éléments, les échanges du 7 novembre ont permis d’initier un dialogue sur le territoire sur la base de la CSE réalisée auprès des agriculteurs. Des acteurs ont prévu de se retrouver pour poursuivre les échanges pour informer davantage les élus et travailler dans l’accompagnement des agriculteurs.

Visite de la ferme d’un agriculteur-expérimentateur du projet, appartenant au réseau Cuma

La FNCuma remercie l’ensemble des partenaires techniques et scientifiques du projet : Fermes d’Avenir, le Centre d’Ecodéveloppement de Villarceaux, la Chaire de Comptabilité Ecologique, Adage 35, Agrobio 35, Trame, FPCuma Bretagne.

L’ensemble des partenaires tient à remercier la Fondation Daniel et Nina Carasso et la Fondation de France pour leur soutien financier au projet. 

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Plus d’informations sur le projet